Voiliers de travail du monde
Fune

la construction navale au japon : fune ou bune

article de l'amiral Pâris (Revue Maritime et Coloniale, 1875).

les

deux

termes

génériques

les

plus

communs

pour

désigner

un

bateau

au

Japon

sont

fune

et

bune.

Il

existe

en

outre

quelques

variantes

secondaires : bunney, funé, fnee, funce, funea. Ces termes sont placés après le nom spécifique (exemple : ami-bune).

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Quoique

les

Européens

ne

trouvent

plus

rien

à

imiter

dans

les

constructions

maritimes

étrangères

aux

leurs,

et

surtout

dans

celles

des

Japonais,

il

est

de

quelque

intérêt

pour

les

lecteurs

de

la

Revue

de

connaître

les

bizarreries

des

navires

de

ce

peuple,

si

longtemps

séparé

du

reste

du

monde

et

vivant

tranquille

de

ce

qu'il

tenait

de l'industrie de ses pères, sans avoir rien. à envier aux autres pays.

Les

bateaux

japonais

ne

ressemblent

ni

à

nos

beaux

el

grands

navires,

ni

aux

pirogues

des

sauvages

dénués

de

métaux

;

ils

se

placent

pour

ainsi

dire

en

intermédiaires

et,-

retenus

sur

leurs

côtes

par

les

lois

de

leur

pays,

ils

sont

seulement

assortis

aux

localités qu'ils fréquentent, mais incapables de parcourir toutes les mers.

Les caractères principaux de leur construction consistent :

Dans

l'absence

absolue

de

bois

croisés,

comme

nos

couples

et

nos

bordages.

Tout

le

navire

n'est

qu'une

réunion

de

planches

juxtaposées

plat

sur

plat,

avec

les

bouts

taillés

en

coin;

et

ces

planches

sont

unies

par

une

multitude

de

crampes

et

de

longs

clous

enfoncés

dans

tous

les

sens

et

à

pointe

rabattue.

Cependant

le

climat

ne

donne que des bois faciles à fendre, tels que le cèdre et le sapin ;

absence

de

quille;

la

base

de

la

construction

étant

une

large

plate-forme

en

deux

couches de planches;

3° carène à formes angulaires, au lieu de nos courbes arrondies ;

4° maître-bau situé très en arrière ;

étrave

très-élancée.

Ces

deux

caractères

se

retrouvent

en

Chine

,

en

Arabie

ainsi

que

dans

les

vieilles

constructions

de

l'Europe.

Il

en

est

de

même

de

l'élévation

exagérée de l'arrière;

gouvernail

sans

ferrures,

sorte

de

grand

aviron

jouant

dans

un

arrière

ouvert.

Le

gouvernail tournant sur ses gonds semble être une invention européenne;

7° galeries latérales plus ou moins saillantes;

8° mât situé très en arrière;

absence

complète

de

haubans

pour

soutenir

le

mât

qui,

forme

de

planches

unies

Par

des

cercles

et

serrées

par

des

coins,

présente

une

longue

pyramide

quadrangulaire;

10°

voile

carrée,

formée

de

laizes

transfilées

entre

elles,

mais

non

cousues,

ayant

chacune

leur

écoute

sur

le

fond,

et

des

sortes

de

boulines

de

l'arrière

comme

de

l'avant, mais pas d'amure;

11°

absence

de

cargues

et

de

ris,

comme

dans

tous

les

pays

hors

d'Europe.

La

manière

de

réduire

la

surface

des

voiles

en

.attachant

la

toile

autour

de

la

vergue

ou

de

la

ralingue

de

fond.,

semble

appartenir

à

l'Europe.

Les

Malais

roulent

leur

voile,

les

Chinois en ont fait une sorte. de jalousie;

12°

usage

presque

exclusif

de

la

godille,

au

lieu

de

l'aviron,

et

disposition

remarquable de la pelle par rapport au manche de la rame, employée de la sorte.

____________

Par

son

aspect

général,

le

navire

japonais

semble

un

dérivé

du

radeau

entouré

d'un

rebord

exhaussé

peu

à

peu,

tandis

que

nos

constructions

paraissent

plutôt

provenir

du

tronc

d'arbre

creusé,

puis

exhaussé

par

des

fargues

et

consolidé

par

une

membrure.

Pour

donner

une

idée

des

constructions

japonaises,

il

convient

d'en

concentrer

les

détails

sur

le

plus

grand

navire

du

pays,

qui,

sous

le

nom

de

funé,

fait

le

grand cabotage et jauge environ 200 tonnes.

La

plate-forme

qui

remplace

la

quille

est

en

deux

couches

de

planches

unies

par

des

clous

enfoncés

obliquement

ou

à

pointes

retournées,

et

les

bords

sont

serrés

par

de

nombreuses

crampes.

Les

clous

employés

sont

en

fer,

ils

sont

minces

et

plats

;

leur

tête

est

très-large

et

plate;

elle

est

enfoncée

dans

une

cavité

du

bois

et

recouverte

par

un

romaillet

sur

lequel

s'applique

une

petite

plaque

de

cuivre,

et

la

multiplicité

de

ces

plaques en fait une sorte d'ornement.

Des

deux

côtés

de

cette

plate-forme-quille

s'élèvent

des

bordages

posés

de

can

et.

relevés

vers

l'arrière,

qui

forment

une

auge

de

0m,40

de

profondeur

;

à

l'avant,

ils

se

rapprochent

et

s'accolent

à

l'étrave.

Au-dessus,

le

navire

s'évase,

puis

forme

un

angle

et

s'élève

jusqu'au-dessus

de

l'eau.

Toute

cette

surface

anguleuse

est

formée

de

deux

ou

trois

couches

de

bordages

à

extrémités

taillées

en

sifflet

et

juxtaposées

pour

être

réunies par une quantité de longs clous et de crampes.

L'angle

formant

le

genou

n'a

pour

liaison

que

des

clous,

qui

percent

un

faisceau

de

bois

formant

une

sorte

de

gros

fagot

compacte.

Lorsque

le

bas

du

navire

est

terminé,

ou

le

remplit

d'eau

et

on

le

carbonise

à

l'extérieur

avant

de

construire

les

œuvres

mortes.

On

lui

applique

aussi

un

soufflage

pour

le

préserver

des

vers,

mais

jamais

on

n'emploie de doublage métallique.

Une

telle

coque

ne

tiendrait

pas

sans

autre

liaison

transversale

que

les

épontilles

et

les

barrots

;

aussi

ajoute-t-on

deux

rangées

de

baux

:

la

plus

haute,

au

niveau

du

plat-

bord,

que

surmonte

une

balustrade

peu

élevée

;

la

seconde,

au

niveau

de

l'angle

brusque

formé

par

la

carène

;

les

épontilles

sont

sur

les

côtés

de

l'auge.

Il

n'existe

aucune

courbe

de

liaison.

Le

bau

du

grand

mât

est

énorme

:

il

a

0m,70

sur

0m,

50

pour

un

funé

de

32

mètres

sur

10m,35,

et

il

est

formé

de

deux

pièces

serrées

par

des

cercles

en

fer.

Il

est

uni

à

deux

fortes

épontilles

plates

qui

débordent

la

dunette

et

embrassent le mat.

Le

pont

n'est

calfaté

que

sur

l'avant

et

ses

bordages

sont

en

travers

vers

le

milieu

et

sur

l'arrière,

des

barrotins

portent

des

planches

volantes.

Ces

constructions

sont

très-

étanches

et

douées

d'une

élasticité

remarquable

:

elles

talonnent

sur

les

bancs

de

sable

des

barres

sans

en

souffrir,

comme

le

feraient

nos

navires

à

membrures.

Cette

qualité en fera conserver l'usage, à cause de la nature des ports.

L'étrave,

très-élancée,

est

souvent

terminée

par

un

rond

peint

eu

noir

et

porte

un

gros

faubert

en

laine

noire,

qui

pend

presque

jusqu'au

niveau

de

l'eau;

le

bois

est

presque

toujours

à

nu

et

la

peinture

n'est

usitée

que

pour

des

bateaux

de

luxe.

L'arrière

est

ouvert

et

présente

une

assez

vaste

chambre

;

il

est

fortifié

par

une

barre

d'arcasse

très-grosse,

servant

d'appui

au

système

de

gouvernail

et

unie

à

une

autre

barre inférieure et plus faible , au moyen de montants.

Le

gouvernail

et

le

tableau

sont

en

partie

garantis

par

des

cloisons

latérales

qui

se

rapprochent

vers

l'arrière

et

laissent

entre

elles

une

large

rainure

pour

le

passage

du

gouvernail.

La

dunette

sert

d'habitation

;

elle

est

très-élevée;

on

y

fait

la

cuisine

dans

une

auge

pleine

de

sable,

et

elle

renferme

deux

petits

cabestans

pour

la

manœuvre

du gouvernail et de la voile.

Souvent

le

milieu

du

navire

est

exhaussé

par

une

sorte

de

bâtisse

ayant

presque

l'aspect

d'une

maison

et

formée

de

montants

et

de

traverses

disposés

comme

un

gros

grillage,

servant

d'appui

à

des

planches

ou

même

à

des

nattes

placées

en

dedans

et

qui contiennent la cargaison.

Cette

addition

parait

varier

suivant

la

nature

des

marchandises

embarquées,

et

les

dessins

en

donnent

une

idée

suffisante.

Les

peuples

qui

n'ont

pas

su

travailler

assez

bien

les

métaux

pour

établir

le

gouvernail

de

leurs

navires

sur

des

sortes

de

gonds,

ont

employé

des

méthodes

variées

pour

disposer

cet

appendice

nécessaire

à

la

navigation

;

et

les

dispositions

des

Japonais

méritent

d'être

détaillées

autant

que

celles des Chinois et des Malais.

Leur

gouvernail

n'est,

à

bien

dire,

qu'un

grand

aviron

en

pièces

d'assemblage,

soutenu

seulement

par

le

haut,

sa

mèche

ronde

est

serrée

contre

la

barre

d'arcasse

par

une

erse

passé

sous

cette

grosse

traverse

et

raidie

par

l'un

des

petits

cabestans

de

la

dunette.

Une

poulie,

fixée

à

la

traverse

du

safran

du

gouvernail,

sert

à

soutenir

le

poids

de

tout

l'appareil

au

moyen

d'un

gros

garant

passé

dans

trois

clans

de la barre d'arcasse.

La

barre

est

très-longue

et

s'étend

jusqu'au

mât;

sa

mortaise

dans

la

fusée

est

plus

longue

qu'il

ne

faut

pour

que

la

barre

ait

du

jeu

dans

le

sens

vertical,

quand

on

largue

l'erse

inférieure

pour

laisser

aller

le

gouvernail,

afin

qu'il

ne

dépasse

plus

le

fond

du

navire

lorsqu'on

passe

sur

des

petits

fonds.

Une

disposition

aussi

imparfaite

ne

saurait

résister

à

la

grosse

mer,

avec

laquelle

on

est

forcé

d'abriter

en

partie

le

gouvernail, en le hissant dans la chambre de l'arrière.

Le

mât

est

un

faisceau

de

madriers

au

centre

et

de

planches

en

dehors,

dont

l'ajustage

est

des

plus

imparfaits

et

présente

une

sorte

de

faisceau

serré

par

des

cercles

en

fer

et

de

nombreux

coins

en

bois

;

sa

longueur

est

de

31m,50

;

il

a

1m,18

d'équarrissage

au

pied,

0m,80

à

20

mètres

de

hauteur

et

0m,60

à

la

tête,

qui

est

terminée

par

deux

flasques

portant

entre

elles

une

grosse

poulie

à

quatre

réas

pour

les drisses.

Sur

l'avant

du

mât

est

une

pièce

de

bois

dur,

pour

résister

au

frottement

de

la

vergue

;

elle

est

serrée

par

le

cerclage,

qui

parait

faible

pour

tenir

à

lui

seul

toutes

ces

pièces

réunies.

Le

poids

d'un

tel

mât

est

d'environ

18,000

kilogr.

Il

n'est

tenu

que

par

les

grandes

épontilles

latérales

dont

il

a

été

question

et

par

la

pression

que

l'étai

lui

fait

exercer

contre

le

grand

bau.

Les

étambrais

dans

lesquels

nous

enfilons

nos

nuits

ne

sont

usités dans aucune partie de l'Orient, dès qu'il ne s'agit plus de bateaux.

Les

Chinois

tiennent

les

mâts

par

des

arcs-boutants

placés

entre

eux

pour

les

comprimer

contre

les

baux,

et

les

Arabes

prennent

le

bau

entre

le

mât

et

une

pièce

additionnelle,

en

serrant

le

tout

avec

des

amarrages.

Le

mât,

ainsi

tenu

par

la

base,

reste

isolé,

et

l'on

conçoit

peu

pourquoi

il

est

ainsi

livré

à

sa

seule

force,

sur

des

navires

larges.

et

dont

les

baux

percent

la

muraille

de

manière

à

donner

des

attaches

naturelles à des haubans. Aussi le mât fait-il entendre qu'il fatigue beaucoup au roulis.

Le

mâtage

d'une

telle

pièce

est

une

manœuvre

assez

intéressante

pour

mériter

quelques

détails.

On

s'y

prépare

en

établissant

des

montants

qui

portent

des

rouleaux

à

une

assez

grande

hauteur

au-dessus

du

pont,

comme

on

peut

le

voir

sur

l'une

des

planches

de

détails.

Le

mât

est

flotté

jusqu'à

l'arrière

du

funé,

avec

le

gros

bout

en

avant.

Avec

20

hommes

aux

cabestans

on

hisse

l'emplanture

au-dessus

de

la

dunette,

et

une

douzaine

d'hommes

suffisent

pour

le

reste

de

l'opération,

qui

consiste

alors

à

le

hâler

vers

l'avant

sur

les

rouleaux

de

la

barre

d’arcasse

et

sur

ceux

établis

vers

l'avant.

Le

mât

se

trouve

alors

horizontal

et

assez

élevé.

On

le

laisse

dans

cette

position

quand

le

navire est désarmé, et il est couvert de nattes pour le conserver.

Pour

le

mâter,

on

le

garnit

de

son

étai,

on

démonte

la

partie

supérieure

de

la

dunette

et

le

gouvernail,

on

le

repousse

en

arrière

en

le

soutenant

pour

l'empêcher

de

basculer,

et

on

ne

cesse

que

lorsque

le

pied

a

dépassé

les

grandes

épontilles

et

est

descendu au fond en glissant entre elles.

Alors

le

pied

est

maintenu

vers

l'arrière,

tandis

que

les

guindeaux

agissent

sur

l'étai

de

manière

à

élever

la

tête

jusqu'à

ce

que

le

mât

soit

vertical

et

reste

ainsi

maintenu

par

son étai seul.

Au

moyen

des

treuils

à

petit

diamètre

employés

par

les

Japonais,

25

hommes

suffisent

à

cette

opération.

La

vergue

a

24

mètres

de

long

et

Om,60

de

diamètre;

elle

est d'une seule pièce de bois et très-mince vers les bouts.

La

voile

est

composée

de

laizes

de

forte

toile

de

coton,

ayant

chacune

leurs

ralingues

cousues

comme

celles

du

pourtour

de

nos

voiles,

mais

laissant

un

passage

au

transfilage

qui

unit

une

laize

à

l'autre

pour

former

la

voile.

Chaque

ralingue

est

terminée

vers

le

haut

par

un

œil

qui

embrasse

la

vergue

;

de

sorte

qu'il

faut

enfiler

successivement

chaque

ralingue

et

procéder

ensuite

au

transfilage

de

toutes

les

laizes, ce qui est très-long.

Les

empointures

tombent

un

peu

et

au

milieu

de

la

voile

les

laizes

laissent

entre

elles

un

intervalle

assez

large

dont

le

transfilage

est

très-lâché.

Vers

le

bas

les

ralingues

pendent

et

forment

autant

d'écoutes,

qui

se

raidissent

suivant

la

manière

dont

la

voile

est

orientée

et

s'amarrent

sur

une

grosse

corde

garnie

de

sortes

de

pommes,

qui

est attachée à des boucles en travers du pont.

Cette

voile

oriente

très-mal

;

elle

fait

un

sac

énorme,

qui

contraste

avec

la

surface

plate

des

voiles

à

lattes

des

voisins

de

la

Chine.

Elle

force

à

brasser

la

vergue

presque

en

pointe,

ce

qui

a

fait

mettre

des

pommes

de

bois

sur

l'étai;

elle

est

très-difficile

à

amener

et

à

ramasser

en

tas

au

pied

du

mât.

Elle

n'a

ni

bandes

de

ris,

ni

cargues

;

ces

moyens

de

serrer

en

partie

les

voiles

sans

aller

sur

les

vergues

et

d'en

réduire

accidentellement la surface, paraissent d'invention européenne.

Les

ancres

sont

remplacées

par

des

grappins

à

branches

plates

et

sans

oreilles,

qui

pèsent

environ

200

kilogr.

et

que

leur

petitesse

fait

employer

jusqu'au

nombre

de

huit

à

la

fois.

Il

en

a

été

de

mène

chez

nous

jusqu'à

ce

que

l'art

de

forger

de

lourdes

ancres

fût assez parfait. Les câbles étant trop gros pour être garnis au cabestan, on les vire au

moyen

de

cordes

frappées

dessus

et

reprises

à

mesure

qu'elles

viennent

à

bloc

;

c'est

faire toujours marguerite, au lieu d'employer la tournevire.

La

chaloupe

est

une

longue

plate

relevée

de

l'avant

;

elle

est

également

sans

membrures

;

ses

godilles

agissent

sur

des

saillies

latérales.

Pour

l'embarquer

on

la

place en travers sur le pont en avant du grand mât.

Pour

appareiller,

les

funés

prennent

le

câble

de

la

dernière

ancre

en

belle

et

masquent

les

petites

voiles

de

l'avant,

dont

il

n'avait

pas

été

parlé

tant

elles

sont

insignifiantes.

La

grande

voile

n'est

hissée,

à

grand

peine,

que

lorsqu'elle

peut

porter.

Au

plus

près

la

vergue

est

brassée

en

pointe,

les

écoutes

sont

fréquemment

manœuvrées

pour

tâcher

d'établir,

mais

la

partie

sous

le

vent forme un grand sac et porte à peine.

De

petit

temps

ces

navires

ne

marchent

pas

mal,

mais

ils

dérivent

beaucoup

cependant

on

les

voit

louvoyer

le

long

de

terre,

mais

jamais

en

virant

vent

devant.

Les

funés

sont

dépourvus

de

qualités

nautiques,

et

l'on

dit

que

jadis

leur

mode

de

construction

et

leur

forme

étaient

imposés

par

le

gouvernement,

pour

empêcher

la

population

de

communiquer avec des étrangers.

Mais

ils

trouvent

dans

l'élasticité

de

leur

coque

un

avantage

précieux

pour

franchir

les

barres,

notamment

celle

d'Osaka.

Ils

talonnent

sur

le

sable

sans

se

coucher

ni

faire

d'eau

et

franchissent

par

bonds

des

fonds

sur

lesquels

les

navires

européens seraient bridés.

Leurs

capitaines

paraissent

très-prudents,

ils

sont

soumis

à

des

règles

très-sévères

et

ils

relâchent

souvent

pendant

la

nuit.

Ils

connaissent

la

boussole

et

ont

des

cartes

de

leurs

côtes

très

passables,

relevées

et

gravées

dans

le

pays.

Ce

serait

une

collection

bien

curieuse

à

posséder.

Il

faudrait

remonter

très-haut

dans

notre

histoire

pour

trouver

des

navires

aussi

imparfaits

que

ceux

des

Japonais,

et

le

voyage

de

saint

Paul

s'appliquerait

à

un

funé

tant

pour

la

manœuvre que pour les aventures de navigation.

Il

y

a

une

assez

grande

variété

de

caboteurs

et

de

bateaux

de

pêche;

mais

ils

sont

tous

construits

d'après

les

mêmes

principes,

et

les

dessins

des

planches

de

la

Revue

en

donnent

une

idée

suffisante.

Cependant

il

convient

de

mentionner

un

genre

particulier

de

navire

qui

n'appartient

qu'au

Japon

et

que

nous

avons

nommé

galère,

parce

que

l'aviron est son principal moteur.

Ce

navire,

représenté

à

la

voile

avec

ses

avirons

relevés

sur

la

droite

de

la

planche

qui

est

consacrée

à

en

donner

l'idée,

est

toujours

la

propriété

de

la

haute

noblesse

japonaise,

et

il

est

spécialement

consacré

au

transport

et

au

casernement

des

troupes

appartenant

aux

Daïmios.

Il

contient

des

garnisons

mobiles

assez

considérables

et

parait

disposé

pour

l'abordage,

mais

il

ne

porte

jamais

d'artillerie.

Sa

construction

est

la

même

que

celle

des

funés, sauf l'auge du fond, qui est supprimée.

La

muraille

est

formée

de

longues

planches

bien

assujetties;

elle

est

liée

à

la

partie

oblique

du

fond

par

de

longs

clous

rivés

qui

percent

les

deux

pièces.

Sur

les

côtés

sont

des

galeries

portées

en

saillie

de

la

muraille

par

les

bouts

extérieurs

des

barrots

et

dans

lesquelles

on

place

les

hommes qui manient les godilles.

L'intérieur

présente

de

vastes

logements.

qui,

au

nombre

de

neuf,

ont

une

surface

totale

de

273

mètres

carrés

et

peuvent

contenir

de

130

a

135

hommes.

Le

pont

supérieur

est

très-dégagé,

il

est

bordé

en

travers

et

il

a

beaucoup

de

bouge.

It

est

entouré

d'une

balustrade

assez

basse.

Le

pont

couvert

est

formé

de

planchettes

volantes,

porté

par

des

barrotins

et

il

existe

en

dehors

de

la

muraille,

dans

les

galeries des godilles.

Le

logement

principal

est

très-propre

et

orné;

l'arrière

est

destiné

aux

soldats.

L'espace

en

contre-bas

du

pont

est

occupé

par

la

cuisine,

établie

dans

une

caisse

en

bois

pleine

de

sable,

et

au

fond

sont

des

étagères

et

des

casiers

pour

les

effets

des

hommes.

Le

volume

de

la

cale,

sans

y

comprendre

l'espace

destiné

aux

câbles,

est

de

127

mètres

cubes.

Pour

suppléer

à

l'impulsion

des

voiles,

ces

navires

emploient

plus

que

tous

les

autres

la

godille

japonaise,

préférée

dans

ces

pays

à

l'aviron

européen

et

disposée

d'une

manière

plus

remarquable

encore

que

celle

des

Chinois.

Le

manche

et

la

pelle

de

cette

godille

font

entre

eux

un

angle,

au

lieu

d'être

en

ligne

droite,

comme

avec

l'aviron

;

de

sorte

qu'en

tirant

ou

poussant

la

poignée

à

droite

et

à

gauche,

la

résistance

de

l'eau

fait

prendre

à,

la

partie

plate

extrême

les

angles

favorables

à

l'action

alternative

de

la

godille.

Afin

que

ce

mouvement

s'opère

librement,

le

bas

du

manche

porte

sur

une

tête

de

clou

planté

à

l'arrière

ou

sur

la

saillie

des

baux.

Enfin

pour

résister

à

la

tendance

qu'éprouve

la

pelle

à

s'enfoncer,

une

corde

est

attachée

au

bout

de

la

poignée

et

aussi

bas

que

possible

dans

le

bateau.

Sur

les

navires

en

question,

les

godilles

passent

entre

les

baux

extérieurs,

et

les

hommes

qui

les

poussent

sont

dans

les

galeries

latérales

abritées

par

des

rideaux

sur

lesquels

est peint le nom du grand seigneur propriétaire.

Le

galère

mesurée

par

M.

Armand

Paris

avait

28

godilles

en

quatre

groupes,

entre

lesquels

on

pouvait

en

ajouter

quelques

autres.

En

admettant

que

le

travail

d'un

homme

équivaut

à

1/10

de

cheval,

on

a

pour

28

godilles

à

2

hommes

une

force

de

5

chevaux

et

demi

;

ce

qui,

avec

la

surface

du

maître

couple

et

notre

manière

de

calculer

l'utilisation,

donne

une

vitesse

de

1m,60

par

seconde

ou

3,2

nœuds

;

sous

l'effort

de

toutes

les

godilles

on

arriverait

à

3n,6

et

peut-titre

à

4n,6

en

développant

une

énergie

extrême.

Ces

navires

étaient

soigneusement

peints

et

ornés

de

beaucoup

de

plaques

en

cuivre,

et

ils

servaient

aux

Daïmios

à

faire

la

police

dans

leurs

États

ou

la

guerre

à

leurs

voisins.

Ils

représentaient

jadis

une

force

militaire

respectable

et

d'un

transport

aussi

facile

que

rapide

dans

la

mer

intérieure

ou dans les baies.

Leur

voile

portait

le

nom,

c'est-à-dire

le

blason

de

leur

prince.

Mais

depuis

que

les

grands

seigneurs

du

Japon

achètent

des

navires

à

vapeur,

ils

tendent

à

disparaître

et

le

relevé

exact

de

M.

Paris

aura

l'avantage

de

les

arracher

à

l'oubli

dans

lequel

tant

de

constructions

maritimes

sont

déjà tombées chez nous.

Il

en

est

de

même

des

autres

genres

de

construction

que

l'introduction

des

Européens

fera

peu

à

peu

remplacer

par

les

nôtres.

Aussi

est-il

de

quelque

utilité

d'en

avoir

conservé

le

souvenir

par

des

relevés

aussi

exacts

que

ceux

de

M.

Armand

Paris,

qui

ont

été

déposés

au

Musée

de

marine,

après

avoir

servi

à

construire

des

modèles

plus

exacts

que

ceux exécutés dans le pays.

Cependant

ce

sont

les

Japonais

qui

font

le

mieux

des

représentations

à

échelle

réduite,

tant

pour

l'exactitude

que

pour

le

fini.

Car

ils

travaillent

le

bois

au

moins

aussi

bien

que

nous,

avec

leurs

petits

outils,

que

nous

dédaignerions.

Lorsqu'il

y

aura

un

nombre

d'années

suffisant

pour

que

les

constructions

japonaises

deviennent

un

but

de

recherches

scientifique,

comme

celles

de

l'antiquité

ou

du

moyen

âge,

quelque

chercheur

se

trouvera

heureux

de

rencontrer

dans

un

volume

de

la

Revue

Maritime

des

détails

entièrement

oubliés et devenus intéressants à proportion.

Aussi,

pour

compléter,

convient-il

de

donner

le

tableau

des

dimensions

et

des

calculs

établis

par

M.

Armand

Paris

et

qui,

dans

un

petit

espace,

renferment

des

documents

d'autant

plus

utiles

qu'ils

ont

été

recueillis

avec

autant

de

précision

que

s'il

s'était

agi

de

constructions

européennes

importantes.

Pâris,

Vice-amiral, conservateur du Musée de marine.